La Cerisaie, un lieu où vit la culture

En plein centre-ville, rue des Adouberies, une belle demeure familiale a trouvé une seconde vie en devenant un lieu de création artistique : « La cerisaie ». L’initiative a été lancée par deux amis de 26 et 22 ans, Paul et Fabien, qui s’accomplissent pleinement à travers ce projet ambitieux. 

Fabien (à gauche) et Paul à l’entrée de « La Cerisaie », qui totalise 800m2 avec jardin, cave et un immense grenier.

Paul Reulet, comédien, a passé 6 ans à Paris, avant de revenir à Marmande avec une ambition : transformer la maison familiale en une résidence d’artistes. « Quand en juin 2016 j’ai retrouvé Fabien, que je connaissais depuis une quinzaine d’années, je lui ai parlé de mon idée », raconte-t-il. « On s’est rendu compte que nous pouvions coupler nos envies et nos compétences, moi dans le théâtre et lui dans la musique électronique, pour apporter une offre culturelle plus dense. A partir de là, une synergie s’est très vite mise en place ».

Bienvenue à « La Cerisaie » !

Le jeune homme nourrit des sentiments forts pour la maison de son enfance. « Je n’avais pas envie de la vendre, ni d’attendre qu’elle tombe en ruine. J’avais le désir d’exploiter son potentiel ». Ainsi est née « La Cerisaie », baptisée d’après la pièce de Tchekhov. Un endroit dédié à l’organisation d’événements théâtraux et musicaux mais pas seulement ! « Vu que le lieu est assez exceptionnel, on veut en faire profiter les autres associations sur Marmande », précise Fabien. « Il faut que les gens, les initiatives différentes, s’y croisent ». Les deux compères ont ainsi déjà invité Julie (du salon de tatouage INKcarnation) à venir montrer ses talents en pole dance. Au moment de l’édition 2017 du Garorock, marquée par la pluie et la boue, ils ont organisé des après-midis électro. « Les festivaliers en profitaient pour se mettre au sec », se souvient Paul. « Ils pouvaient se reposer sur les canapés, recharger leur téléphone »… Et Fabien d’ajouter : « Beaucoup dansaient. Ils s’éloignaient des tumultes du festival tout en restant dans une ambiance festive, cohérente avec ce qui se passait sur la plaine de La Filhole ». Tout l’esprit de partage de « La Cerisaie » est résumé là.

Les deux complices dans la bibliothèque, une des pièces qui contribuent à forger la personnalité de « La Cerisaie ».

Une maison avec une âme

Lorsque l’on visite la bâtisse, il est facile de se laisser happer par l’atmosphère des pièces, de ressentir leur vécu. La maison possède une personnalité marquée mais qui ne vous étouffe pas. Elle reste au contraire accueillante et déborde d’énergie créative, à l’image de ses occupants. L’Art est présent partout, s’affichant sur les murs au gré des expos.

En 2018, « La Cerisaie » entrera dans une nouvelle phase. Des travaux sont en effet planifiés en vue d’accueillir des artistes en résidence. Comme l’explique Fabien : « On défend l’idée de proposer des bourses pour que les artistes puissent venir ici travailler sur leurs créations. On aimerait en avoir deux par an et par discipline, théâtre et musique électronique. Pour les financer, on va mettre aussi en place un système de résidences payantes où les artistes seront mis à contribution pour disposer d’une chambre, créer au calme, utiliser le matériel. Il est prévu d’aménager au grenier des espaces de travail qui correspondront aux disciplines que l’on défend. Il y aura un studio de DJ qui sera insonorisé et une grande salle de répétition polyvalente pour les comédiens, les danseurs. Cette salle des Arts vivants fera 50m2 avec un beau volume car elle est haute de plafond ».

En attendant, l’association poursuit ses manifestations et commence à s’exporter pour mieux rayonner. Le samedi 18 novembre, elle investira la salle du « 180 » à Sainte-Bazeille pour une soirée DJ animée par Elisa Do Brasil, Neofunkers et Bloc Note. Le mercredi 13 décembre, elle sera à l’IBOAT à Bordeaux. A Marmande aura lieu le dimanche 5 novembre une conférence sur la musique électronique donnée par Martin Mestres, que l’on retrouvera en concert le 30 novembre au cloître en duo avec le musicien britannique Mark Simpson. Côté théâtre, Paul donne des cours tous les mercredis soir au Petit Théâtre. « Voir se concrétiser un projet très personnel comme « La Cerisaie », mûri depuis longtemps, accompagné de gens de confiance et dans une dynamique prolifique fait que je me sens épanoui », conclut-il avec un large sourire.

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Nicolas Michel.